Il n’y a pas d’échec, il n’y a que du feedback

Comme enseignante de PNL, j’ai remarqué que ce présupposé était un des plus difficiles à faire pleinement accepter par les participants. De même, beaucoup de mes coachés vivent très difficilement les échecs qu’ils ont traversés. Ils ont du mal à rebondir et en éprouvent généralement de la honte. Il en résulte souvent une peur de l’échec qui inhibe les prises de décisions.

Dans son excellent livre « Les vertus de l’échec », le philosophe Charles Pépin y associe plusieurs pouvoirs. Il y aurait ainsi des échecs qui renforcent la volonté, ceux qui permettent le lâcher-prise ceux qui nous donnent la force de persévérer dans la même voie et ceux qui nous donnent l’élan pour en changer, ceux qui nous rendent plus sages, et ceux qui nous rendent disponibles pour autre chose.

Cette difficulté à accepter l’échec est particulièrement forte dans notre culture. Là où les Américains voient une marque d’audace, nous y plaçons de la culpabilité.

Personnellement, comme je l’avais mentionné dans un précédent article de ce blog, c’est un échec cuisant qui m’a permis de totalement rebattre mes cartes et me réinventer. Je ne suis évidemment pas la seule à avoir dû traverser douloureusement un désert pour retrouver du sens à ma vie et me reconnecter à ce qui est vraiment essentiel.

« Le succès, c’est d’aller d’échec en échec sans perdre son enthousiasme » Winston Churchill

L’échec permet aussi de développer sa résilience, concept élaboré par Boris Cyrulnik, qui pourrait être vu comme la croyance profonde que même au fond du trou, on a la capacité de remonter la pente.

Un jour, mon fils m’a annoncé qu’avoir raté son examen pratique du permis de conduire avait été le plus gros échec de sa vie. Certes, il était encore jeune à ce moment-là, et même si la mère en moi pouvait être fière et satisfaite de son petit, la coach en moi était fort inquiète du développement de sa capacité à accepter les déconvenues et à rebondir en cas d’échec plus important.

« L’échec est au fondement de la réussite » Lao-tseu

Combien d’entre nous sont paralysés à l’idée d’échouer ?

Charles Pépin nous rappelle une différence intéressante entre Décision et Choix. La décision exige un saut au-delà des arguments rationnels, une confiance en son intuition. Une décision est toujours audacieuse. Un ingrédient qui manque souvent à de nombreux leaders. Le choix par comparaison est basé sur un processus rationnel. Nous en avons tous expérimenté les limites lors de décisions importantes à prendre.

Faire confiance à son intuition, n’est pas se jeter dans le vide sans réfléchir. C’est se connecter à soi, écouter son ressenti, capitaliser sur son vécu, son expérience, écouter ses peurs sans se laisser guider par elles.

Objectifs clairs, confiance, courage, persévérance et support extérieur (modèles, mentors, coachs, amis,…) sont des ingrédients essentiels à la réussite. Refaire deux fois la même erreur n’est certainement pas très malin, mais abandonner au premier revers l’est tout autant. Parfois atteindre un but ambitieux est un véritable voyage du héros (voir les autres articles de ce blog sur le sujet).

« Je ne perds jamais, soit je gagne, soit j’apprends » Nelson Mandela

Il y a quelque temps, mon mari me racontait avoir rejeté un candidat lors de l’interview final pour une fonction importante parce que ce dernier affirmait n’avoir jamais connu d’échecs. Après l’avoir interrogé sur les raisons de ce rejet, il m’expliqua que selon lui, soit la personne n’avait que peu de connaissance de lui, et donc ne prenait pas le temps d’analyser ce qu’il faisait et de progresser, soit il ne prenait jamais de risques, soit il tentait de masquer sa vulnérabilité, soit il manquait de confiance et d’authenticité. Dans tous les cas, mon mari ne souhaitait pas travailler avec quelqu’un comme lui et encore moins imposer aux équipes un leader qui manquait d’audace et d’humilité.

L’acceptation de l’échec est aussi liée à ce que Carol Dweck définit comme « état d’esprit de développement », ou « progrèdiens » comme les nommaient joliment les philosophes antiques. Ceux qui prennent du plaisir à progresser. Par opposition, « l’état d’esprit fixe » caractérise les gens qui pensent qu’on est comme on est. Sous l’angle de vu de la PNL, on pourrait dire qu’ils font une confusion de Niveaux Logiques en confondant Comportements et Capacités avec le niveau Identitaire. Nous ne sommes pas ce que nous faisons

« Ce qui dépend de toi, c’est d’accepter ou non ce qui ne dépend pas de toi » Epictète

À l’heure où nous souhaitons tout contrôler, ayons l’humilité d’accepter que l’échec fait partie de la vie au même titre que la réussite. Tout est expérience. Les mots « échec »ou « réussite »sont des étiquettes binaires propres à notre culture, elles dépendent du regard posé sur la situation. Ce qui nous parait comme un échec aujourd’hui est aussi peut-être le terreau d’une prochaine aventure riche en apprentissages.

Pour aller plus loin :