La carte n’est pas le territoire 

Comment la PNL a changé ma vie

Comme les mathématiques ont leurs axiomes, la PNL (Programmation Neuro-Linguistique) a ses présupposés. Acceptés comme des vérités n’ayant plus besoin d’être prouvées, ceux-ci agissent comme des croyances portantes pour les coaches formés à la PNL.

Le présupposé le plus connu est certainement « La carte n’est pas le territoire ». Cet aphorisme d’Alfred Korzybski signifie qu’il existe une différence entre la réalité et la représentation qu’on s’en fait.

L’idée sous-jacente est simple et, à première, vue acceptée de tous. En effet, nous avons chacun notre vision partielle et déformée du monde qui nous entoure. Ceux qui sont quotidiennement confrontés à cela sont les inspecteurs de police qui reçoivent autant de versions différentes des faits qu’il y a de témoins.

Jusque-là, pas de grande prise de conscience, cela parait évident jusqu’au jour où cela vous touche personnellement. Pour moi qui avait, pendant près de 30 ans, vécu avec la profonde blessure d’avoir été mise à la porte par ma mère à 17 ans, cette petite phrase métaphorique a changé ma vie.

 

LES FAITS (OU CE QUE JE PENSE ÊTRE LES FAITS)

Ma mère, JM, son compagnon 10 ans plus jeune qu’elle, et moi vivions une cohabitation difficile. Un jour, ma mère et JM me demandent de partir en vacances avec eux. J’accepte avec un peu de réticence à condition de pouvoir emmener une de mes amies. Les données du système étaient différentes : le studio avait été loué par le petit copain de ma mère et nous étions quatre. Un soir, après quelques jours, sans que nous l’ayons vu venir, tout a basculé. Pour une histoire de salade (oui, oui, littéralement), le compagnon de ma mère s’est jeté sur moi et m’a tapé dessus.

Suite à cela, après avoir écourté les vacances, et avec toute l’intransigeance de moi âge, j’ai posé à ma mère un ultimatum, elle devait choisir, ce serait lui ou moi, plus jamais je ne passerais une seule nuit sous le même toit que lui et je suis partie chez des amis.

15 jours plus tard, elle me répondit « non seulement tu peux partir, mais tu dois partir, tu as deux semaines pour débarrasser la maison de toutes tes affaires, ce qui reste ira aux petits riens »

 

MA CARTE

JM m’avait battue et ma mère qui s’était prétendue féministe de la première heure avait pris son parti et mise à la porte à 17 ans. Ce qui n’est pas faux.

 

LA VERSION DE MA MÈRE (ENFIN, JE PENSE)

Sylvie était une adolescente difficile et rebelle. JM a perdu son sang-froid. Une dispute a explosé et elle a quitté la maison. Ce qui n’est pas faux non plus.

 

LES AUTRES 

Selon qui et comment l’histoire est racontée, selon les éléments gardés ou omis, selon les valeurs et le vécu des personnes qui écoutent l’histoire des faits, ils vont adopter l’un ou l’autre point de vue.

La seule chose qui soit vraie est que personne n’a accès à la réalité, et les deux versions sont vraies et les deux versions sont fausses, déformées et partielles. Toujours est-il que pendant près de 30 ans, j’ai terriblement souffert de ce traumatisme et de la non-reconnaissance par ma mère de mon statut de victime. Il n’a jamais été possible d’en discuter calmement, je n’ai jamais reçu les excuses auxquelles j’estimais avoir droit.

 

LA FRUSTRATION

Ce n’est pas parce que je sais que la carte n’est pas le territoire que j’ai plus accès à la réalité que l’autre ni que l’autre aura la même conscience que moi. Cela n’a rien changé à la relation avec ma mère, et nous n’en avons jamais discuté, mais cela a adouci ma relation à moi et à mon histoire et donc aux autres.

Ces notions gagneraient tellement à être enseignées à l’école, cela permettrait peut-être d’éviter bien des conflits inutiles. Et nous arriverions peut-être à être d’accord que nous ne sommes pas d’accord et que c’est très bien comme cela.